Pourquoi le Mexique des 4T a-t-il perdu sa chance de devenir une puissance mondiale ?

L'administration López Obrador a été caractérisée par de fortes controverses qui tournent autour des décisions du président. L'un des plus retentissants dans les médias et les réseaux sociaux a été la fermeté avec laquelle AMLO a opté pour une politique des énergies fossiles au lieu de se tourner vers celle des énergies renouvelables. Une telle détermination a généré des débats sans fin qui ont cherché à déterminer dans quelle mesure cette position avait été bonne ou mauvaise. La vérité est que, comme le dit ce vieil adage, vous ne devriez pas chercher trois pieds au chat quand il en a clairement quatre. Dans ce premier volet d'une série d'articles, j'expliquerai pourquoi investir dans les énergies renouvelables placerait le Mexique dans une position internationale exceptionnelle.

Si la vie te donne des citrons...

Bien que le Mexique ne soit pas un pays développé comme la grande majorité des États européens, il fait partie d'un grand nombre de groupes restreints tels que l'OCDE, le G20, ainsi que 90 autres organisations internationales. Cependant, l'un des groupes les plus importants auquel il appartient est le soi-disant GHI15, auquel seuls les 10 pays ayant le plus grand potentiel de production d'énergie solaire peuvent accéder.

Seuls 15 pays dans le monde reçoivent les deux tiers du rayonnement solaire mondial

Le rayonnement solaire, en termes simples, est la quantité d'énergie solaire qu'une surface reçoit pendant une certaine période de temps ; où l'échelle la plus courante est le kilowattheure par mètre carré, comme illustré sur la carte. La position géographique du Mexique, combinée aux caractéristiques géologiques de son territoire, fournit les meilleurs indices au monde. Cette situation est connue de la communauté scientifique et a fait l'objet de diverses études. L'une des plus marquantes a été menée en Allemagne, pays leader dans le domaine de l'énergie solaire, par l'intermédiaire de la GTZ (Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit), une agence fédérale chargée de la coopération technique pour le développement durable dans le monde. Réalisée en 2009, l'étude intitulée "Market Niches for Photovoltaic Systems in Connection to the Electric Grid in Mexico", a conclu ce qui suit :

• Le taux moyen de rayonnement solaire au Mexique est de 5 kWh/m2 par jour - cinq fois plus que la moyenne mondiale de 1 kWh/m2.
• Avec les taux d'efficacité photovoltaïques actuels du marché, seulement 0,06 % du territoire national suffirait à couvrir les besoins énergétiques annuels du pays.
• 70% du territoire a une moyenne de plus de 4,5 kWh/m2, ce qui signifie que le Mexique pourrait devenir un fournisseur d'énergie pour les pays voisins et régionaux.

Cependant, au Mexique, il y a une ombre d'ignorance concernant l'énergie solaire et les énergies renouvelables dans leur ensemble. Preuve en est qu'en 2018, sur les 329 000 GWh d'énergie produite, seuls 20 % provenaient de sources renouvelables. Cependant, sur ces 20 %, la moitié provenait de l'énergie hydroélectrique, tandis que moins de 0,5 % provenait de l'énergie solaire. Les arguments les plus fréquemment entendus en faveur des énergies fossiles tournent autour de deux éléments : le retour sur investissement et les coûts de production d'énergie.

Curieusement, ces positions sont souvent dépassées, car actuellement l'efficacité des panneaux solaires a considérablement augmenté. Passer de 17% d'efficacité en 2012 à un total de 47% en année interne. Cela a conduit à une réduction des coûts de production d'énergie. Par exemple, au Mexique, le FRE (facteur de retour énergétique) est de 17, ce qui signifie que, sur une période de 30 ans, une centrale solaire génère 17 fois la quantité d'énergie nécessaire à son fonctionnement.

En d'autres termes, l'investissement énergétique nécessaire à l'ouverture d'une centrale solaire est récupéré en seulement 20 mois. Cela se traduit par des ROI (retours sur investissement) égaux à ceux des pays situés en Afrique du Nord et bien supérieurs aux moyennes européennes, pays actuellement en tête du marché des énergies renouvelables.

Vendu au plus offrant

Avec des données aussi convaincantes, il est difficile d'expliquer l'orientation du Mexique en matière de politique énergétique. Fait intéressant, la réponse vient d'un autre domaine que l'économie, puisque la raison derrière cette mesure vient du prosélytisme politique classique. Là où à chaque mandat de 6 ans, le parti dispose à son tour de moins de 6 ans pour établir des "victoires" et assurer sa continuité au pouvoir d'une certaine manière. C'est pourquoi il est difficile pour les gouvernements de démarrer des projets à long terme (30 ans) quand ils n'ont pas cessé d'agir dans l'intérêt de leur parti politique.Curieusement, les administrations passées ont également été conscientes de la situation au Mexique en matière d'énergie solaire. l'énergie et ils ont su en tirer profit, mais pas précisément en faveur du Mexique. Preuve en est que, depuis la signature de l'accord bilatéral entre le Mexique et les États-Unis sur l'énergie propre et le changement climatique en 2009 (sous l'administration Calderón), plus de 119 projets et appels d'offres ont été lancés par des entreprises étrangères pour opérer au Mexique. De plus, avec la découverte récente au Mexique de ce qui pourrait être la plus grande réserve de lithium au monde, il faudra être conscient de la façon dont cette administration gère un tel événement. Parierez-vous sur l'avenir avec l'exploration et l'extraction de ce minerai par le biais d'une société mexicaine ? Ou recourra-t-il à l'appel d'offres classique aux entreprises étrangères ?

Comme il est possible de s'en rendre compte, nous sommes face à un événement dont l'ampleur dépasse nos frontières. Malgré l'incrédulité qui peut exister à cet égard, les actions du Mexique génèrent un écho et sont capables d'initier des tendances dans la région qui, ensemble, doivent générer le bien-être et le développement en Amérique latine. Heureusement, il y a la consolation de savoir qu'AMLO a encore quatre ans et demi pour reconsidérer les orientations de ses différentes politiques économiques et profiter du potentiel du Mexique en matière d'énergie solaire. En attendant, il nous appartiendra d'aider à faire en sorte que ce changement se produise - en faisant entendre notre voix au gouvernement.