Carte
Christian Alonso
Quels pays ont connu le plus grand nombre de coups d'État?
- Ces événements se produisent par l'utilisation de la force, destituant les pouvoirs élus et les remplaçant.
Le récent coup d'État au Myanmar s'ajoute à une série de conflits et de soulèvements menés dans ce pays asiatique depuis sa création en tant que pays indépendant. Ce fait remet en question l'efficacité des institutions démocratiques, ainsi que le pouvoir que les groupes militaires conservent encore et leur position structurelle qui facilite leur participation aux affaires politiques des pays.
Depuis des décennies, les coups d'État sont récurrents dans la grande majorité des pays du monde, cependant, certains d'entre eux sont passés inaperçus car ils ne respectent pas théoriquement les définitions classiques de celui-ci. Cependant, le débat porte sur la question de savoir si ces définitions parviennent à identifier et expliquer ces phénomènes quelle que soit la manière dont ils se produisent, ou s'il est nécessaire de reformuler le concept pour une meilleure compréhension et analyse.
Pour identifier les limites qui se posent à ce concept, il faut remonter à son origine, qui se crée au XVIIe siècle en France dans l'ouvrage Considérations politiques sur les coups d'État de Gabriel Naudé, qui définit les coups de État comme « des actes audacieux et extraordinaires que les princes sont contraints d'accomplir dans des matières aussi difficiles que désespérées, contraires au droit commun et au mépris de tout ordre ou forme de justice, mettant en jeu l'intérêt privé au profit du bien commun ». [1].
A travers son livre, Naudé analyse les situations dans lesquelles le putsch est utilisé comme instrument politique, qui sont : 1) la fondation, la naissance ou le changement d'un Royaume ; 2) la conservation, le rétablissement ou la restauration d'un État menacé par la chute ; 3) affaiblir les droits ou privilèges de certains sujets qui diminuent l'autorité du prince ; 4) établir une loi importante ou une réglementation ou une décision importante ; 5) détruire un pouvoir qui, parce qu'il est trop grand, nombreux ou étendu en divers endroits, ne peut être facilement vaincu par des procédures ordinaires ; 6) donner autorité ou prestige à un prince, et 7) limiter ou détruire le pouvoir excessif de ceux qui veulent en abuser au détriment de l'État.
Des siècles plus tard, le concept accordé par Naudé a évolué, ajoutant un plus grand nombre de caractéristiques jusqu'à ce que, finalement, le facteur militaire soit désigné comme promoteur dudit acte. Au sens classique des coups d'État, on entend donc qu'il s'agit de « ... conflits non réglés qui enfreignent toutes les règles et reformulent les pouvoirs de l'État ; mais, de toute façon, ils finissent toujours par attribuer plus de pouvoir aux forces armées. Celles-ci sont créées par l'usage de la force, renversant ainsi les pouvoirs démocratiquement élus et les remplaçant, dans la plupart des cas, par des juntes militaires.
Cependant, cette définition ne parvient pas à donner une explication à ces événements où les pouvoirs démocratiques de manière non violente. Pour cette compréhension, divers auteurs considèrent que les putschs ne sont pas nécessairement menés par les militaires, mais peuvent être menés par n'importe quelle institution étatique qui expulse illégalement le pouvoir légitime. Cela fournit une définition beaucoup plus large et aide à comprendre les coups ou les tentatives de coups d'État qui ont eu lieu dans différents pays où il n'y a pas eu de participation militaire.
Ainsi, la carte suivante est une représentation graphique des coups d'état qui ont eu lieu dans le monde depuis 1948. Elle contient une compilation des coups réussis et ratés, ainsi que des tentatives, par diverses factions (militaires, rebelles, , institutions ou forces étrangères). Il convient de noter que les informations exprimées dans cette carte sont compilées directement à partir des bases de données de l'Université de Princeton.
Sources
Martínez, Rafael, subtipos de golpes de Estado: transformaciones recientes de un concepto del siglo XVII, revista CIDOB d´afers internacionals, n. 108, pp. 191-212. Disponible en: https://www.cidob.org/content/download/58940/1536776/version/2/file/191-212MARTINEZ_RAFAEL.pdf
Princeton University, Coups d’Etat 1946-2018, Data and statical services. Disponible en: https://dss.princeton.edu/catalog/resource1509